La parole à : Sébastien DE HUTTEN, Directeur général du salon Playtime
Pendant cette période nous gardons le contact avec nos clients et nous leur donnons la parole. Ressenti, conséquences sur leur business et vision pour la suite, ils nous livrent en quelques questions leur point de vue sur cette situation inédite.
Bonjour Sébastien, merci de prendre quelques minutes pour nous répondre.
D'abord, comment as-tu vécu cette période de confinement ?
Je l'ai vécue en plusieurs phases. La toute première qui m’a plongé dans un état de quasi sidération. Il m’a fallu une semaine entière pour que mon cerveau comprenne et assimile vraiment la situation. La deuxième semaine a été celle de la réflexion, la troisième celle de la préparation, et les suivantes dédiées à l’application des stratégies mises en place. Jamais je n’ai tant travaillé de ma vie, il fallait compenser l’absence de la quasi totalité de nos salariés au chômage partiel en raison de l’annulation des salons. Un petit regret que j’éprouve est celui de me sentir en marge de tous les mouvements de société dont j’entends vaguement parler, parce que j’ai passé entre 12 et 16 heures par jour à mon bureau, 7 jours sur 7, depuis le début du confinement, à chercher et à travailler à des solutions pour pouvoir nous relever après cette crise.
Qu’est ce qu’il te manque le plus aujourd’hui ?
Le lien social, le vrai, pas le substitut de l’apéro Skype qui n'engendre que plus de frustration ! J’ai envie d’être face aux personnes avec lesquelles je parle. Ce qui me manque le plus aujourd’hui, c’est donc l’Enfer selon Sartre, c’est à dire l’Autre !
Est-ce que cette situation t’a appris ou t’a fait réaliser des choses ?
La fragilité des structures qui nous entourent, la force des solidarités face aux crises, la nécessité de redéfinir précisément les raisons pour lesquelles nous nous levons le matin.
Quel impact la crise a-t-elle eu sur ton propre travail au quotidien ?
Cela faisait longtemps que j'étais habitué au télétravail, la transition n’a donc pas été compliquée. Cela fait des années que je travaille deux jours par semaine depuis chez moi car j’habite à la campagne, un peu loin de Paris. L’impact majeur de la crise sur mon propre travail a été d’en augmenter considérablement la cadence ! Je crois que beaucoup de gens se rendent compte à présent que le télétravail est souvent lié à une augmentation du nombre d’heures travaillées. Difficile, lorsque l’on est chez soi, de se tenir à distance de son bureau...
Comment t’es-tu réorganisé en équipe ?
La plupart des salariés ont été mis en chômage partiel à 100% car leur activité est entièrement liée aux salons. Une partie assure toutefois une "permanence" d’une à deux journées par semaine et la priorité est donnée au développement de l’activité digitale avec un Chef de projet qui travaille plusieurs jours par semaine et des développeurs indépendants à plein régime !
Quelle mission as-tu fais passer au 1er plan en urgence pour répondre à la situation actuelle ?
Cela fait 5 ans que nous travaillons à un salon digital en marque blanche et je suis en ce moment approché par de nombreuses organisations qui souhaitent adapter l’outil à leur activité. La période que nous traversons aura le mérite de faire comprendre à nombre d’entre eux que les salons physiques doivent être doublés d’une présence digitale forte et de la mise à disposition d'outils véritablement performants pour leurs exposants.
D‘après-toi, qu’est-ce qui va changer par la suite et ne sera plus jamais comme avant dans ton organisation / équipe / domaine d’activité ?
Pour mon équipe, peu de changements dans les relations sinon la joie consciente de se retrouver plutôt que le sentiment d’une chose acquise ! Pour mon organisation, nous repartons un peu de zéro et devons repenser notre manière de travailler ensemble. Je crois que le changement majeur sur le court terme sera la conscience accrue que chacun doit mettre toutes ses forces à la réussite d’un projet collectif. Le digital prend d’un coup une place majeure et sera là sur le long terme, mais le changement le plus important, et à mon sens positif, est dans la nécessité de se poser honnêtement la question de savoir pourquoi on se réunit, aussi bien au bureau qu’au sein d’un salon.
Que feras-tu dès que le déconfinement sera terminé ?
Retourner au bureau, parole de workaholic !
Le changement le plus important, et à mon sens positif, est dans la nécessité de se poser honnêtement la question de savoir pourquoi on se réunit, aussi bien au bureau qu’au sein d’un salon.